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élisabeth viain :
« lectures et danses, 
un cocktail magique ! »

08/09/2016
Pour la première fois, la sémillante équipe des Livreurs, intervient pendant le Festival America. Point d'orgue : un Bal à la Page qui aura lieu le vendredi 9 septembre à Vincennes et qui va mettre le feu à la littérature américaine ! Spécialistes de lectures orales, Les Livreurs ont initié une nouvelle manière de "goûter" les textes. Élisabeth Viain, une des Livreuses avisées, nous en donne la saveur...

Pour la première fois, Les Livreurs investissent le Festival America. Comment s'est organisé ce partenariat ? Allez-vous développer d'autres bals dans des manifestations externes à celles que vous organisez vous-mêmes ?
Nous avions déjà participé une première fois au Festival America en 2014 dans le cadre du café des libraires avec les étudiants de l’atelier de lecture à voix haute de l’Université Paris-Sorbonne (La Sorbonne Sonore). La réception du public avait été excellente, ce qui a encouragé Francis Geffard à proposer aux Livreurs et à La Sorbonne Sonore d’intervenir sur l’ensemble du festival. Les Livreurs ont déjà proposé le Bal à la Page dans différentes manifestations littéraires comme le Salon du Livre de Paris, les journées de la francophonie au Ministère de la culture, et dans le cadre du prix Prince-Pierre de Monaco. Les prochains bals auront lieu dans le cadre du festival Livres en Tête à la fin du mois de novembre et pour la Saint-Valentin.

Racontez aux lecteurs de Viabooks qui ne vous connaissent pas déjà en quoi consiste un Bal à la Page...
Le Bal à la Page, c’est un peu comme un mariage entre le coin du feu et la boîte de nuit ; c’est une réunion de « bibliovores » insatiables et de « clubbeurs » invétérés ! Guidé par le déhanché et les indications bienveillantes d’un professeur de danse, vous commencez par vous mettre en jambe avec un joyeux cours collectif, où se succèdent zumba, mambo ou cha-cha-cha. Puis, des lecteurs professionnels investissent le plateau et vous font entendre une bonne tranche de livres, avant qu’un DJ ne transforme à nouveau la scène en piste de danse. Entre un pas de salsa et le miaulement d’une guitare, vous reprenez votre souffle accoudé à la table du libraire, derrière laquelle vous font signe vos auteurs favoris. Autographe sous le bras et sourire béat aux lèvres, vous regagnez votre siège pour un nouveau morceau de littérature …ainsi de suite jusqu’aux douze coups de minuit si le cœur vous en dit !

Quelle est la différence entre un texte joué par un acteur et un texte dit par un "lecteur" professionnel ?
Et si nous comparions Juliette Binoche et Dalida ? Ou encore Pablo Casals et Gérard Depardieu ? Vous peineriez probablement à citer les dialogues des films où ont tourné Binoche ou le gros Gégé, même si vous les revoyez très bien en pensée, dans tel ou tel rôle. En revanche, la voix de Dalida et le violoncelle de Casals vibrent dans votre tête avec presque toutes les notes, presque toutes les paroles, parce que vous avez d’abord entendu une partition ou un texte, dont le contenu s’est imprimé en vous plus profondément que ne vous ont marqué le léger strabisme de la chanteuse ou la calvitie du musicien. Alors que l’acteur vous fait voir un personnage, vous immerge dans une psyché, le lecteur s’efface délicatement derrière son texte pour que les mots d’abord viennent vous frapper au cœur et faire jaillir de votre imagination des images composées par vous seul. Le bon lecteur n’est pas un « il » ou une « elle », mais une voix pénétrante, ponctuellement soulignée par un clin d’œil, un geste de la main, un sourire (souvenez-vous comme le Chat du Cheshire, dans Alice au pays des merveilles, disparaît jusqu’à n’être plus qu’une voix chaude).
Pouvez-vous dévoiler quel sera le cocktail littéraire de ce bal spécial America ? Quels auteurs seront à l'honneur ?
Vous pourrez écouter des grands classiques comme Edgar Allan Poe et Ernest Hemingway mais également des auteurs plus contemporains comme John Fante, Philip Roth et James Ellroy. Ce sont des descriptions, des dialogues, des récits qui offrent panorama de l’Amérique d’hier et d’aujourd’hui. Et en plus d’un cocktail littéraire, vous allez pouvoir déguster d’authentiques plats américains !

L'enseignement de la Sorbonne consacré à la lecture orale est en train de se développer et s'ouvre aussi à la formation continue. Savoir dire un texte est-il en train de devenir une nouvelle manière de transmettre ? Tout le monde peut-il y accéder ?
Il est évident que savoir dire un texte est un atout exceptionnel, pour le professeur dans sa salle de classe, pour le chef d’entreprise en conférence, pour l’avocate au barreau, pour le papa au pied du lit d’enfant, pour la femme politique en campagne présidentielle, pour le syndicaliste en pourparlers, etc. Ce qui est nouveau, aujourd’hui, cela n’est bien sûr pas de lire un texte à voix haute, mais d’enseigner (et d’apprendre !) à le faire. Nos voisins allemands sont depuis plus longtemps que nous friands de spectacles de lecture, mais les formations que nous proposons sont sans doute assez uniques en leur genre. Alors, oui, absolument tout le monde a à gagner à apprendre à lire un texte : de cet apprentissage, l’on ressort subtilement différent, dans sa voix, dans son corps, pour soi, pour les autres. Parce qu’apprivoiser dans un même travail l’écrit et l’oral vous donne à la fois un pouvoir sur l’esprit et un ancrage dans la matière. Et le lecteur bien formé devient ce magicien pour qui chaque livre, emporté dans une besace ou emprunté à une étagère, est un puissant moyen de charmer l’Autre.

Quels sont vos prochains rendez-vous ?
Bien sûr d'abord America. Puis du 22 au 26 novembre nous organisons notre grand festival annuel : Livres en Tête. Ce sera l’occasion d’un nouveau Bal à la Page, mais aussi d’une soirée cabaret, d’une soirée spéciale Proust, et même de lectures entrecoupées de dégustations de vin ! Nous laissons également la parole à de nouveaux talents, puisque nous organisons un concours de nouvelles en partenariat avec Short Edition. Si vous venez nous rendre visite vous pourrez rencontrer Luc Lang, sélectionné pour le Goncourt, Sylvain Tesson, Marie N’diaye, Tonino Benacquista ou encore Daniel Mesguich, président de l’édition 2016.

Olivia PHÉLIP