Le festival Livres en Tête, dédié à la lecture à voix haute, fête sa dixième édition, du 25 novembre au 1er décembre, à Paris. Trois lieux (Sorbonne, Hôtel Littéraire Le Swann, MPAA Saint-Germain) selon le profil de la programmation. Une vingtaine d’écrivains sont invités, parmi lesquels Jérôme Ferrari, Antoine Wauters, Thomas B. Reverdy, Boualem Sansal, Tobie Nathan, Yann Queffélec, Carole Fives, Julie Marx… L’originalité de cette manifestation ? Ce n’est pas un comédien-star qui lit, ni les auteurs, mais un bataillon de Livreurs, experts en lecture sonore. La mise en voix se veut également innovante et festive. Écouter les livres donc, mais pas seulement. Des séquences allieront belles-lettres et grands crus, Solo Théâtre et tête-à-tête, ambiance cabaret et bal littéraire. « La lecture est un spectacle », jure Bernhard Engel, du collectif Les Livreurs, co-organisateur du festival.
Dans quelles conditions a été créé le festival Livres en Tête ? Les Livreurs, créée il y a vingt ans, est une structure qui a pour but de promouvoir des textes littéraires par la lecture à voix haute. Et notamment par des événements très variés. Par exemple, le Bal à la page permet au public de venir danser et ensuite d’écouter des lectures. Bizarrement, en France, ça rassure les gens… Il faut se souvenir, dans les années 70-80, de la grande tradition des lectures neutres, à plat, héritée de la Nouvelle Vague. On pouvait s’y emmerder ! À nos débuts, lire était ringard. Nous passions pour des nazes, des paumés qui n’avaient pas les moyens de devenir comédiens. C’était incompréhensible, alors que nous, nous débordions d’enthousiasme. L’époque nous a rattrapés. La lecture sonore est devenue aujourd’hui un véritable marché. Il y a dix ans, la Sorbonne m’a demandé d’enseigner cet art de lire à voix haute. L’atelier fonctionnant bien, la Sorbonne a décidé de créer un festival avec Les Livreurs, en collaboration avec l’écrivain Pierre Jourde.
Lire à voix haute, c'est un retour à l'authenticité ? La lecture à voix haute donne au texte sa vérité. Elle fait découvrir les bons auteurs comme les fausses valeurs. Quand un écrivain n’a pas de style, tout le monde l’entend.C’est terrible. Le bon lecteur, c’est celui qui aura compris la prosodie de l’auteur. Qui aura trouvé le ton juste. Ne pas respecter les temps morts dans le phrasé de Beckett, c’est passer à côté de son humour.
En quoi consiste le Solo Théâtre ? Il s’agit pour un artiste d’interpréter durant une heure toute une pièce de théâtre, sans mise en scène, sans décor, sans costume. Il y incarne tous les personnages. Nous présenterons lors du festival Fils de, une pièce inédite de Cécile Ladjali.
Il y a donc l'idée de sortir la littérature de son pré carré... Oui, parce que la littérature fait encore peur. La littérature est sacralisée en France. Le ton du festival se veut résolument joyeux. On essaie toujours de se renouveler. Trouver également de nouveaux lieux. Prochain défi : louer l’Olympia ! Ça serait une belle image : mettre la littérature sur un pied d’égalité avec la chanson populaire à texte.
Philippe SAVARY
Dans quelles conditions a été créé le festival Livres en Tête ? Les Livreurs, créée il y a vingt ans, est une structure qui a pour but de promouvoir des textes littéraires par la lecture à voix haute. Et notamment par des événements très variés. Par exemple, le Bal à la page permet au public de venir danser et ensuite d’écouter des lectures. Bizarrement, en France, ça rassure les gens… Il faut se souvenir, dans les années 70-80, de la grande tradition des lectures neutres, à plat, héritée de la Nouvelle Vague. On pouvait s’y emmerder ! À nos débuts, lire était ringard. Nous passions pour des nazes, des paumés qui n’avaient pas les moyens de devenir comédiens. C’était incompréhensible, alors que nous, nous débordions d’enthousiasme. L’époque nous a rattrapés. La lecture sonore est devenue aujourd’hui un véritable marché. Il y a dix ans, la Sorbonne m’a demandé d’enseigner cet art de lire à voix haute. L’atelier fonctionnant bien, la Sorbonne a décidé de créer un festival avec Les Livreurs, en collaboration avec l’écrivain Pierre Jourde.
Lire à voix haute, c'est un retour à l'authenticité ? La lecture à voix haute donne au texte sa vérité. Elle fait découvrir les bons auteurs comme les fausses valeurs. Quand un écrivain n’a pas de style, tout le monde l’entend.C’est terrible. Le bon lecteur, c’est celui qui aura compris la prosodie de l’auteur. Qui aura trouvé le ton juste. Ne pas respecter les temps morts dans le phrasé de Beckett, c’est passer à côté de son humour.
En quoi consiste le Solo Théâtre ? Il s’agit pour un artiste d’interpréter durant une heure toute une pièce de théâtre, sans mise en scène, sans décor, sans costume. Il y incarne tous les personnages. Nous présenterons lors du festival Fils de, une pièce inédite de Cécile Ladjali.
Il y a donc l'idée de sortir la littérature de son pré carré... Oui, parce que la littérature fait encore peur. La littérature est sacralisée en France. Le ton du festival se veut résolument joyeux. On essaie toujours de se renouveler. Trouver également de nouveaux lieux. Prochain défi : louer l’Olympia ! Ça serait une belle image : mettre la littérature sur un pied d’égalité avec la chanson populaire à texte.
Philippe SAVARY